17- AÏNYAHITA en perles : transcrit par le Dr Hanish, traduction Pierre Martin, édition 197?.
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PERLE PREMIERE
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MAZDA ET AÏNYAHITA*
CHAPITRE PREMIER
Au lieu où le Sanpou accélère son cours et paie au Brahmapoutra le tribut très sacré de ses écumantes et scintillantes eaux; au lieu où le père Sol jette à la première heure du jour un brillant coup d'œil sur l'étroite plaine enserrée entre les contreforts du Vafaromand dont les coupoles de neiges éternelles reflètent jusqu'au fond des vallées l'or de ses généreux rayons; là où les nuages s'assemblent comme pour discuter d'une prochaine guerre, mais bientôt se dispersent en tous sens, comme pourchassés par des furies; là où les étoiles, clignant de l'œil par les fenêtres du ciel aux teintes violettes, surveillent d'un regard inquiet et pourtant curieux la croissance et la décroissance de la Lune dans ses courses parmi les floconneux nuages moutonnés, tandis que les grands arbres balancent leurs couronnes en Ashtat, pour leur propre défense contre les sabots des rapides coursiers que chevauche Vat, l'aveugle majesté des vents; là, oui, là-même où sur un millier de collines paissent les vaches et, à l'heure du crépuscule, rapportent au domicile de leur protecteur la coupe de plénitude et où le grain se multiplie et croit en lourds épis sous l'influence de Mah qui verse la fécondité, et de Tir, le dispensateur de la pluie; là où les cours de deux puissants fleuves se joignent pour couler impétueusement côte à côte durant une saison et puis, de nouveau paisiblement, s'en vont perdre leur identité là où règne absolu le Roi des Lacs; c'est là que sur l'une des terrasses de cet amphithéâtre de la Nature s'élevait une humble petite demeure, tel un objet oublié bon à jeter par-dessus bord, et cependant un objet digne d'être remémoré dans tous les âges à venir et transmis par la tradition de génération en génération comme le suprême joyau des conquêtes spirituelles de l'homme.
2. Cette petite demeure renfermait la cristallisation des infatigables efforts de la Nature, une perle des perles, une gemme des cieux et de la terre --- Aïnyahita. Elle n'avait pas encore atteint l'âge de dix ans et elle se tenait là, dans toute la beauté de son corps, ceinte du koshti selon l'usage, en face du soleil levant, pour recevoir, les mains étendues, sa bénédiction matinale. Elle était là, parée par-devant des couleurs chatoyantes du rapide cavalier Asha, et derrière elle la masse de ses cheveux d'or retombait jusqu'à terre; ses yeux étaient bleus comme l'azur du ciel, ses joues incarnates comme les flammes du soleil de midi, ses lèvres roses comme une aurore d'été. Pur était son corps, plus pur que la neige fraîche de Hyîmalaya, si pur que même les lis de la vallée baissaient pudiquement la tête devant elle et que les cimes des monts neigeux se cachaient derrière les nuages à son approche. Si belle, si radieuse était Aïnyahita que Khorshed lui-même, sur ses milliers et myriades de coursiers au galop rapide, s'arrêtait et modifiait son parcours, de crainte de perdre la direction des heures du jour.
3. Lorsqu'Aïnyahita posait le pied sur une roche, celle-ci devenait voyante et, d'un regard dans les yeux d'Aïnyahita, la suppliait de lui donner un espoir, tandis que les blocs de pierre auraient voulu s'arracher des montagnes où ils étaient ancrés pour des milliers d'années et rouler à ses pieds en implorant une bénédiction. Aïnyahita, bien qu'âgée de moins de dix ans, devenait si belle que les graviers ne pouvaient résister à la tentation et la suivaient pour lui tenir cour aussitôt que ses regards étincelaient sur les rives du Sanpou.
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* Voyez les explications sur les mots zends au vocabulaire à la fin de l'ouvrage.
CHAPITRE II
AÏNYAHITA se tenait là, vêtue de la tunique sacrée de fin lin blanc, que retenait autour des reins le cordon de l'alliance tressé de soixante-douze fils et observait les enchantements de l'aube naissante; les oiseaux voletaient autour d'elle, élevant leurs voix un ton plus haut que les notes des régions éthérées, tandis que les bêtes gisant à ses pieds dans la poussière entonnaient des notes plus graves que les rumeurs des entrailles de la terre.
2.Elle était là, rosée du matin céleste, et récitait les paroles sacrées et les salutations à l'approche du jour.
3.Soudain, comme par magie, les cieux s'ouvrirent et le Soleil apparut dans toute sa majesté, tel un royal époux au point du jour, autour duquel les nuages dessinaient les ailes du Tout-Puissant, et devant son foyer éclatant de lumière et comme revêtu du voile sacré d'un temple, apparut le visage de MAZDA.
4.Une voix, apportée par les ondes de 1'éther et transformée par les courants des brises matinales, parvint aux oreilles d'Aïnyahita. Aïnyahita fut presque effrayée, car elle était absorbée dans ses devoirs religieux, lorsqu'elle entendit :
5." Aïnyahita, fleur du Paradis et joyau d'Arkana, salut à toi, salut à ta parenté et salut dix mille fois à la plus belle d'entre toutes les choses, à l'exercice de la vraie religion ! "
6.Aïnyahita s'inclina devant le Seigneur et dit " Seigneur, ô mon Dieu, salut à Toi et à toutes Tes créations, qui sont si merveilleuses, si sublimes, en vérité, que leur seule présence me suffit pour savoir que Tu Es. Bénis-moi, afin que j'acquière la force d'accomplir mes devoirs :racheter la Terre et transformer les déserts en un Paradis, un Paradis propre à servir à Dieu et Ses Associés d'heureux séjour .
7.--- " Aïnyahita, dit le Seigneur, sème des semences ¹ de fleurs à ton propre renom et sème des semences de fleurs à Ma mémoire et J'exaucerai ton vœu. "
8.Avant qu'Aïnyahita pût répondre un mot, les oiseaux s'étaient envolés, les bêtes s'étaient retirées et seules les vaches attendaient paisiblement l'attention de ses mains. Mais de la vision il ne restait ni trace ni signe.
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¹ La SEMENCE est un symbole employé dans toutes les philosophies de l'Orient et sert à exposer et définir la croissance, le développement, l'épanouissement et la maturité. Le but ici est d'exprimer la véritable méthode d'éducation et d'instruction de montrer comment une toute petite graine contient en son imperceptible germe l'intelligence qui en fait surgir un puissant arbre. La véritable interprétation serait : " Sème la semence de la considération, afin qu'elle lève, afin qu'elle croisse à ta propre gloire, et la semence de la considération de Ma parenté avec toi, afin que, par le recueillement et en gardant à l'esprit l'Unité des Choses, les choses que tu désires jaillissent d'un mobile pur, d'un cœur pur, et afin qu'exaucées elles remplissent le but proposé selon ton plan et leur destination." --- En outre, c'était la coutume de planter des arbustes ou des arbres pour commémorer un événement notoire. Ainsi, à la naissance d'un enfant on plantait un arbre. A la mort, on plantait un arbre pour perpétuer la pensée des pères dans l'esprit des enfants. On plantait un arbre le jour d'une conversion et à la réalisation d'un vœu. On plantait un arbre pour une nouvelle révélation ou religion. D'après la vie de l'arbre et son développement, on pouvait deviner le devenir ou les possibilités de l'enfant, du peuple ou de la religion.
CHAPITRE III
AÏNYAHITA prépara deux platebandes de fleurs, l'une en l'honneur de la mémoire de MAZDA, orientée à
l'est pour recevoir. les premiers baisers du matin; l'autre pour son propre recueillement, juste à côté de la première.
2.Quels soins elle apportait à la platebande de MAZDA, où elle planta le kasha, le soleil d'or! Et le kasha, elle le planta dans sa propre platebande.
3.La graine leva dans les deux platebandes; elle soigna les deux fleurs avec tendresse; mais la fleur de MAZDA devint l'objet d'une attention particulière.
4.Cette occupation l'absorba à tel point et elle y mit tant de Zèle que c'était jalousement qu'elle protégeait la fleur de MAZDA. Elle écartait mouches, abeilles, papillons et toutes autres bestioles de la fleur de MAZDA; elle lavait chaque feuille et chaque petite pousse avec minutie et arrosait le sol fréquemment, même à la chaleur du jour, et si l'humidité était trop forte et qu'elle voyait la plante dégoutter, elle la couvrait proprement et en tout elle la choyait avec le plus tendre amour.
5.Mais à son grand chagrin, la plante de MAZDA ne prospérait pas, tandis que la sienne, qu'elle croyait négliger, dressait vers le ciel sa tête droite et sa verdure florissante, resplendissante de fleurs aux plus riches couleurs et aromes. Aïnyahita, elle, pâlissait, pâlissait et son doux sourire se muait en larmes de tristesse.
6.Elle travaillait cependant avec ardeur, réfléchissait longtemps et essayait encore.
7.Mais la plante de MAZDA sécha et périt.
8.Le père d'Aïnyahita lui lut les paroles de consolation des Kings et sa mère la réconfortait avec les plus douces sentences du Livre de Famille, mais Aïnyahita était inconsolable.
CHAPITRE IV
C'était vers la fin de l'été, à la fraîcheur du crépuscule; Aïnyahita était agenouillée devant l'Arbre de la Sagesse et épanchait sa tristesse devant Mithra, le dieu des vastes pâturages, qui favorisait sa maisonnée des moutons les plus sains et des plus belles vaches et dont les fravashis, intelligences de croissance et de perfection, faisaient en temps et lieux pleuvoir sur elle les bénédictions.
2.Mithra répondit par Vat, le messager des vents, annonçant la venue de MAZDA sur les ailes du soleil couchant que déjà les voiles de l'occident allaient masquer aux regards de l'orient, et voici, les sommets neigeux des monts s'embrasèrent soudain et le cramoisi de l'éther fit miroiter les plis de son manteau à travers les airs dont les brises exhalèrent le plus sacré d'entre tous les noms : MAZDA.
3.Aïnyahita éleva vers les hauteurs ses yeux humides de larmes, ravie de la splendeur éblouissante des nombreux assistants de son Seigneur dans les phénomènes complexes de la Nature. Elle Le voyait dans la rosée de ses larmes et dans les rayons du crépuscule; elle Le voyait sur la cime des montagnes; elle Le voyait devant ses pieds, sur le sol d'où s'élevaient de douces brises pour rafraîchir ses paupières brûlantes.
4." Aïnyahita, ô la plus pure des gemmes du Ciel et des perles de la Terre, pourquoi pleures-tu ? "
5.Et Aïnyahita répondit et dît " O Toi, Majesté toujours rayonnante de lumière ! Soleil de mon âme ! Très cher Sauveur ! Toi qui créas tous ces univers, Toi qui donnes puissance et gloire à toute chose, Tu le sais.
6.--- Aïnyahita, et si je le sais, dois-Je le dire ? Souviens-toi, oui, souviens-toi, ô la plus précieuse des perles, que si les secrets du cœur humain Me sont connus, Je ne dois pas montrer que Je les connais; Je ne dois pas le montrer par compassion, par amour pour ceux-ci, Mes Associés.
7.--- Tu sais alors, Toi le plus saint des Etres célestes, qui de Tes bras éternels étreins la profondeur de l'espace et l'altitude des règnes, Toi dont les ailes de gloire ombragent l'immensité du temps, Toi qui es l'Ancien des Jours --- Tu sais que j'ai échoué en voulant faire pousser une fleur à Ta mémoire et à Ta gloire.
8. --- Aïnyahita, diadème des pures délices, toi qui donnes leur lustre aux gouttes de rosée et dont les prunelles prêtent l'éclat à toutes les eaux de la terre, bénie sois-tu entre tous les saints, car c'est à toi, oui, à toi seule qu'appartient le contrôle des Eaux de la Naissance. Ton amour et ta compassion sont ceux de ton Seigneur; et maintenant, écoute ce que Spyenta Maïnyous va te révéler. "
CHAPITRE V
Le soleil avait disparu et l'obscurité couvrait la terre. Tir apparut au firmament pour annoncer l'ordre et la marche des étoiles et des planètes. Les vaches, couchées alentour sur leurs litières de paille fraîche, ruminaient en cadence comme pour rivaliser avec les flots bondissants du Sanpou. De temps à autre, le bêlement d'un agneau appelant sa mère trouait le silence de la nuit. Le Roi des Bergers donnait aux siens ses ordres pour le bien des troupeaux et des avis sur de meilleurs alpages et des sources plus limpides et bénissait chacun sur la tête pour son obéissance dans l'accomplissement du devoir le plus sacré --- la garde de ceux qui lui sont confiés. Et lorsque, projetant des ombres sur le miroir de l'éther, les feux de camp illuminèrent le ciel, le Chant des Bergers¹ rompît le silence de la nuit froide et s'éleva en doux accents de reconnaissance envers le Seigneur des Cieux et le Seigneur de la Terre.
2.Aïnyahita attendait et, comme elle attendait, elle vit la Lune glisser lentement sur les nuages moutonnés, son visage exprimant un léger sourire, tandis que les étoiles du soir échangeaient des clignements d'yeux en scintillant et que les eaux du Sanpou chantaient une complainte évoquant en présence de la Nature les murmures et doléances d'un passé oublié depuis longtemps.
3.Aïnyahita semblait absorbée dans ses rêves et, lorsqu'à une impulsion soudaine elle ouvrit les yeux, elle vit le puissant messager Spyenta Maïnyous... Derrière lui se tenait l'Ombre de la Nuit², profonde et sans cesse mouvante, et dessinant sur le visage de la terre des fantômes les plus hideux à voir. Mais Aïnyahita savait l'importance de ce phénomène. Elle savait que partout où apparaît la Bonne Pensée, son opposé, l'Adversaire, est toujours prêt à poser une série de questions rapides pour dérouter l'esprit des hommes et les entraîner sur les champs de bataille de la discorde et des épreuves sans nombre. C'est pourquoi elle détourna son regard pour tendre l'oreille à Spyenta Maïnyous, qui lui rappela tout d'abord qu'il n'était pas dans l'ordre des choses que le Seigneur fournît à tout une explication.
4." Aïnyahita, dit Spyenta Maïnyous, tes efforts ont été remarqués et tes intentions ne seront pas oubliées. Bénie sois-tu pour le bel exercice de ton travail. Mais songe que Loi et Ordre gèrent toute la création et que tout ce qui n'est pas conforme à la Volonté du Seigneur, dont la Loi est Sainteté, ne peut trouver place dans les desseins éternels. Tu as donné ton amour au Seigneur en prodiguant tous tes soins à la fleur de MAZDA, mais à tel point que ton zèle devint jalousie. Ton désir fut de plaire au Seigneur, même au détriment d'autres devoirs.
5. " En t'occupant constamment de la fleur de MAZDA, tu as dérobé à l'intelligence de la graine l'opportunité de manifester sa plénitude de vie. En écartant les insectes, tu as privé la plante de son droit à exercer sa force de résistance et sa propre défense et de la sorte tu t'es entremise dans les desseins de l'ordre établi en supprimant la protection de soi-même, qui est le droit de naissance de toutes les créatures de Dieu. Comment la fleur de MAZDA eût-elle pu déployer ses saintes vertus quand tu avais pris sur toi de lui donner jusqu'à la croissance, que tu peux te donner à toi-même, mais non à la plante ? Ton amour immodéré a éteint l'étincelle même de vie du kasha, en sorte qu'il sécha et périt. Dussent toutes les créatures de la terre vouer leur vie à Dieu avec un amour aussi immodéré que celui que tu témoignas au kasha, la présence de Dieu serait annihilée de devant nos yeux.
6. " Fais ton devoir par amour du devoir et non de l'objet même et ton amour sera agréable aux yeux de ton Seigneur. Dans les cieux il ne s'agit pas d'aimer ni d'être adonné à l'amour, mais d'exercer son devoir dans l'obéissance à la Volonté du Seigneur, qui est la Loi de Sainteté, et Sainteté est le Meilleur de tous les Biens.
7.Aïnyahita écouta et se recueillit en pensée. Elle était reconnaissante d'avoir été instruite des desseins de la Volonté de Dieu. Elle se sentait d'accord avec la Bonne Pensée. Comment ne l'eût-elle pas été ? Cependant il sembla qu'une ombre légère, passant sur son visage, se fraya la voie dans sa mentalité jusqu'à devenir un doute. Sentant en son cœur la peine que lui envoyait l'Adversaire, elle saisit promptement le cordon sacré de l'alliance pour affirmer sa foi en Mazda. S'étant recueillie et les armées angéliques planant alors autour d'elle, elle murmura :
8." Spyenta Maïnyous, toi qui es illustre et qui es l'émanation du Très-Pur, toi qui es le garde du Seigneur et Son témoin, révèle moi, si révélé cela peut être, comment je saurai jusqu'à quel point je dois exercer mon amour dans mon devoir; comment je puis savoir quand agir et quand ne pas agir conformément à Sa Volonté. Faut-il donc laisser à tout insecte la latitude de détruire l'œuvre de nos mains et abandonner entièrement nos créatures à leur propre sort ? Réponds, afin que je sache ce que je dois faire en conformité de la Loi.
9.--- Aïnyahita, ce désir de connaître est de ton âge, mais tout d'abord souviens-toi que nos Actions doivent résulter de la Pensée et de la Concentration profonde dans l'exercice de la Parole de Dieu, telle que l'expriment tous les êtres et toutes les créations de la Nature. A cette fin, tu es douée de raison et de jugement, de prévoyance et de discernement. A toi de bien préparer le sol, ce dont la semence te sera reconnaissante. La saison est-elle sèche, soit parce que les intelligences n'ont pu attirer en temps voulu toutes les substances désirables, soit en raison des obstacles et difficultés que suscite l'Adversaire, alors sois prête à arroser le sol au premier matin, jamais à la chaleur du jour et seulement un peu le soir. Et ce n'est que si le feuillage des plantes est endommagé ou si les insectes deviennent trop nombreux et compromettent la sécurité de son habitat, ce n'est qu'alors que tu dois les en écarter. En donnant liberté à tout être et en le mettant sur la voie à suivre pour son propre bien, tu remplis bien ton devoir et l'impartialité de ton amour te tissera la tunique de pureté aux yeux de MAZDA et Ses Associés apporteront présents et joyaux pour parer ta beauté. Garde à jamais ton amitié avec MAZDA et tous les fravashis des Dieux, des Sauveurs et des Saints, jusqu'à ce que le Grand Matin se lève."
10. Comme ces paroles s'éteignaient faiblement, Aïnyahita leva les yeux vers le ciel et vit la Lune croissante se draper dans son manteau nocturne et croiser religieusement devant son visage les extrémités de nuages moutonnés, pendant que les étoiles tressaient leur scintillement en un rosaire et le disposaient comme un collier sur les épaules de la Lune qui disparut derrière le sombre voile des nuages de neige dans le moelleux berceau des cieux non révélés. Aïnyahita reconnut le signe du repos nocturne ³ et récita ses patét's accoutumés et invocations avec des bénédictions de Paix et Prospérité ; les ondes remuantes du puissant Sanpou redisaient son amour pour Aïnyahita en bruissant près de sa couche et les brises de la nuit chantaient leurs douces berceuses et la Nature dormait du sommeil du juste et Aïnyahita avec elle.
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¹ CHANT DES BERGERS, voyez la note, Perle Deux, chap. II.
² OMBRE DE LA NUIT : Voyez au vocabulaire, Angro Maïnyous.
³ Les anciens avaient un moyen très admirable de déterminer leur devoir immédiat, que ce fût de jour ou de nuit, comme au cours des saisons. Convaincus que dans la Nature nous trouvons notre contrepartie, nos doubles et corrélatifs, ils reconnaissaient dans le monde phénoménal des moniteurs de leur conduite, étiquette et devoir. Ainsi, lorsqu'une étoile disparaissait soudain derrière un nuage, au cours d'une conversation, celui qui avait observé le fait pensait qu'il était temps d'interrompre l'entretien et de se livrer à quelque chose de plus à propos.
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